5e.communiste


Le journal des communistes de la section Sorbonne n° 1, juin 2000


Secrétaire de section

1500F de plus pour les salaires et le SMIC !

un enjeu social et politique


Plusieurs mouvements de grève récents ont porté cette revendication : les convoyeurs de fonds, les salariés de Dassault, et d’autres ; des résultats significatifs ont été obtenus par la lutte.

De fait, l’augmentation des salaires et du SMIC, des moyens pour vivre décemment constitue un enjeu social et politique. Ces conflits ont mis en évidence une nouvelle fois que la France reste un pays de bas salaires.

Le travail à temps partiel en hausse, l’intérim et la précarité qui explosent, les smicards en plus en grand nombre, les emplois-jeunes, tout cela a renforcé cette réalité dans la dernière période.

Ils sont nombreux les salariés et les chômeurs en dessous de 8500 F, à ne pas gagner suffisamment pour vivre, se loger, se distraire et se cultiver.

Cette réalité doit changer, d’autant que notre pays est riche, que les profits en 1999 – 1700 milliards de F – et la bourse – + 52% – battent des records. Cela met en cause le patronat et situe l’aggravation de l’exploitation capitaliste. Il faut s’en prendre aux profits et aux revenus financiers pour changer cette situation.

Il y a un enjeu social, visant à satisfaire les besoins sociaux et individuels, faisant en sorte que chacun profite de la croissance. Le développement des luttes, le rassemblement et l’union des salariés avec leurs syndicats seront indispensables pour imposer l’augmentation justifiée des salaires et du SMIC.

Il y a aussi une responsabilité du gouvernement de la gauche plurielle, vis à vis des fonctionnaires et des salariés du service public, parce qu’il fixe le niveau du SMIC. Pour le 1er juillet, Jospin doit aller bien au-delà des 3% résultant du système de fixation du SMIC, pour le porter rapidement à 8500 F et l’augmenter tout de suite de 1500 F. Ce serait justice pour les smicards et un formidable élan pour pousser les grilles salariales. La croissance économique en bénéficierait et ce serait facteur de nouvelles créations d’emplois, appuyées sur la consommation et la prise en compte des besoins sociaux.

C’est aussi un enjeu politique, visant à répondre aux attentes progressistes. Cela fait plusieurs années que l’augmentation de la productivité du travail est plus élevée que l’augmentation des salaires. Depuis les années 80-90, la répartition de la valeur ajoutée entre profits et salaires s’est encore détériorée au détriment des salaires, aggravant les inégalités et favorisant les actionnaires et les détenteurs de stock-options.

Une politique de gauche, progressiste, en faveur des salariés, des couches populaires aurait tout mis en œuvre pour s’attaquer à cette régression sociale et à ces choix économiques. Il n'en est rien de la politique du gouvernement Jospin, qui a renforcé les mesures en faveur du Capital.

C’est pourquoi l’augmentation de 1500 F du SMIC et des salaires, constitue maintenant un enjeu social et politique pour les communistes que nous sommes. Notre perspective, c’est le rassemblement dans la lutte pour un nouveau rapport de forces face au patronat et donc aussi pour un changement radical de la politique gouvernementale.



Une solution pour les SDF du Ve ? 80 témoignages lors de l'enquête sur les faux électeurs du Ve révèlent un vaste système d'échange : logement ou emploi contre (bon) vote. Le nombre des faux électeurs inscrits est estimé à 7228.


Quand Jean Tiberi n'inaugure pas les fontaines, il inaugure la Place de la Commune en rendant hommage... à Thiers, l'assassin de la Commune. Pas un mot des 80 000 morts de 1871. Chacun reconnaîtra les siens...


Payer pour avoir le droit de lire ?


Il en est beaucoup question : faire payer un droit pour chaque prêt de livre dans les bibliothèques publiques (on parle de 5 F par livre emprunté).

Des arguments valables, il y en a. Est-ce une raison pour invoquer de mauvais arguments ?

La lecture en bibliothèque empêche la vente des livres ? Faux, parce que la lecture publique crée un courant d’intérêt qui ouvre sur la lecture privée : on offre volontiers le livre qu’on a découvert et aimé en bibliothèque. Faux, parce que l’habitude du livre est ce qui fait acheter des livres et cette habitude se contracte en bibliothèque. Faux, parce que tous les chiffres disponibles montrent que le livre se vend mieux dans les pays où les bibliothèques publiques sont d’accès large et facile.

Le livre est un objet qu’on achète mais pas d’abord une marchandise.

La grande raison de notre opposition est ailleurs. Si le savoir, la joie de lire deviennent marchandise, c’est la voie vers la marchandisation de toute chose. Pourquoi pas demain la santé et l’instruction (qui le sont déjà partiellement devenues) ?

Sait-on ce que signifierait l’alternative pour les élèves, grands utilisateurs de nos bibliothèques : ne rien lire d’autre que le manuel de classe ou accabler leurs parents de dépenses inaccessibles pour les familles les plus démunies (quatre enfants empruntant quatre livres par mois c’est 80 F par mois). Pour ne pas parler des autres lecteurs.

Le choix est simple. Soit on considère qu’une société est faite pour l’argent et que c’est l’argent qui décide de ce à quoi l’être humain peut prétendre. Soit on considère que la société est faite pour l'être humain, qu’elle a des devoirs envers chacun, dont l’origine est dans le travail que chacun a fourni pour la faire exister et se développer. La lecture, le savoir, la découverte du livre sont des besoins vitaux que la société doit prendre en compte.

Les autres considérations sont subordonnées, ce qui ne veut pas dire sans importance. Sur qui doit retomber la charge de la lecture gratuite ? Naturellement pas sur les seuls auteurs, ni sur les courageux éditeurs (même ceux, comme les éditions de Minuit, qui ont cru devoir adhérer à la contre-révolution du livre prêté-payant), ni sur les seules municipalités.

Mais pourquoi les 5 F par livre des familles devraient-ils contribuer à engraisser les requins de l’édition comme Vivendi qui n’ont que le profit pour souci et pas l’avenir de la lecture et du livre.

Pas de sordides économies sur la vie de l’esprit

Pas de bibliothèques à péages

Les lecteurs ne sont pas des vaches à lait

Pour de bonnes solutions aux vrais problèmes

Nous sommes conscients que la situation des auteurs, des éditeurs, des libraires, des bibliothèques et des bibliothécaires, des élèves et des autres lecteurs potentiels ou réels appelle des mesures audacieuses, non corsetées par le dogme suicidaire du gel de la dépense publique et de l’application des critères de type maastrichien. Nous sommes ouverts aux solutions raisonnables mais pas, sous prétexte de raisonnable, en cassant la culture du livre dans notre pays.

La ministre de la Culture du gouvernement de la gauche plurielle a annoncé son intention de ne pas laisser le livre subir les effets de la marchandisation. Nous attendons que les décisions soient conformes aux promesses. Ce ne sera pas trop de l’effort de tous les intéressés pour que cette nouvelle atteinte aux droits des citoyens-lecteurs de tous âges et de toutes cultures soit mise en échec.