F-haiNe : danger
Avec l'approche des élections municipales, nous voyons périodiquement débouler sur nos places les bandes du Front National (ou peut-être s'agit-il de leurs cousins mégrétistes ?), avec leur contingent habituel de crânes rasés, de jeunes gens BCBG et de politiciens rassis. Ça crie très fort, ça colle partout, ça ne supporte pas la contradiction. La plupart des gens jettent les tracts dès qu'ils s'aperçoivent de ce qu'ils ont entre les mains, vexés qu'on ait pu les prendre pour d'éventuels électeurs d'extrême-droite. Les employés de la voirie balaieront tout ça plus tard, avec les détritus du marché. Après tout, une démocratie n'a rien à craindre de ces agités et de leurs crachotements rituels, qui feront leurs 4 % habituels (sans doute moins depuis leur scission) et disparaîtront du paysage politique de l'arrondissement jusqu'aux prochaines élections.
Mais si l'on surmonte son dégoût et que l'on parcourt la littérature qu'ils distribuent, la colère prend vite le pas sur l'écurement. Savez-vous ce que l'on trouve dans leurs « 40 propositions contre l'insécurité », distribuées la semaine dernière sur la place Monge ? Voilà le programme : un policier devrait pouvoir tirer sans être en légitime défense (proposition 6), rétablissement de la peine de mort (17), augmentation du nombre de places en prison (18), création de « centres fermés assurant la rééducation des mineurs » (24), fouille des élèves à l'entrée des établissements sensibles (25), interdiction des uvres d'art « comportant une incitation à la violence et à la délinquance » (29), suppression des allocations familiales pour les familles de mineurs délinquants (32/33), expulsion des étrangers condamnés et de leurs familles (35/36), code de la nationalité basé sur le « droit du sang » (36), déchéance de la nationalité française pour les délinquants naturalisés depuis moins de dix ans (37), rétablissement de polices municipales armées (40). Le reste tient de l'affirmation gratuite, de l'allusion menaçante, du truisme véhément.
Et ne croyez pas qu'il s'agisse uniquement de gesticulation verbale. Les dernières nouvelles du Front montrent bien de quel côté se trouve l'insécurité :
Le 23 octobre, Le Pen a été déchu de son siège de député européen après avoir été condamné pour avoir fait le coup de poing contre une candidate socialiste lors d'une descente du FN sur la ville de Mantes-la-Jolie.
Le 21 octobre, la cour d'assise de Rouen a condamné à 20 ans de réclusion deux ex-skinheads, anciens bénévoles des services d'ordre du FN, qui avaient assassiné un Mauricien par pur racisme.
Le 18 octobre, le secrétaire départemental du Front national et conseiller général des Vosges, Jean-Yves Douissard, a été mis en examen pour avoir organisé dans un château de la région une réunion au cours de laquelle avait été tournée une vidéo immonde : salut hitlérien face à un drapeau nazi, chants évoquant l'extermination des Juifs.
Le 2 octobre, au cours d'une cérémonie grotesque en l'honneur de Charles Martel, à Poitiers, Mégret déclarait que que « les populations immigrées n'ont pas leur place dans notre pays ».
En septembre dernier, les mégrétistes de la région Centre partaient en campagne contre les subventions accordées au réalisateur Erick Zonka (« La vie rêvée des anges »), refusant que l'on « subventionne avec l'argent du contribuable de prétendus artistes au service d'une idéologie déracinée et cosmopolite »
Le 27 septembre, la cour d'appel de Metz a condamné un professeur de français, membre du Front National, pour avoir tenu devant ses élèves des propos révisionnistes.
Et si l'on remonte plus loin : colleurs d'affiches assassins, élus corrompus, incitations à la haine raciale, etc. etc.
L'insécurité en France ? C'est la surenchère de la haine, la volonté délibérée d'empêcher toute intégration en dressant les communautés entre elles, en attisant des relents ancestraux de racisme et de rejet de l'autre.
L'insécurité en France, c'est aussi la domination du capital sur le travail, l'instabilité de l'emploi, les petits boulots, l'embauche au faciès, les licenciements pour faire des bénéfices, la casse du service public. Mais cette insécurité-là, les ultra-libéraux du FN ne vous en parleront jamais.
Les communistes du 5e arrondissement