3 315 électeurs de trop
dans le 5e arrondissement

C'est un peu comme la multiplication des petits pains. Au lendemain de l'élection législative de 1997 qui avait vu Jean Tiberi réélu dans le 5e arrondissement de Paris, le Conseil constitutionnel avait évalué à 800 le nombre d'électeurs fictifs et avait validé l'élection du maire. Désormais les gendarmes évaluent ce nombre à 3 315 dans un rapport de synthèse adressé au Palais de Justice. Or, seules 2 725 voix séparaient le successeur de Jacques Chirac et son adversaire socialiste, Lyne Cohen-Solal. Sans ces faux électeurs, le résultat aurait été inversé. On prête d'ailleurs l'intention à celle qui aujourd'hui joue un rôle de porte-parole de Bertrand Delanoë de déposer un nouveau recours en annulation auprès des neuf « Sages » en invoquant ces « faits nouveaux ».

L'étau semble se resserrer autour du maire de Paris. Les enquêteurs auraient même étendu leurs investigations jusqu'à la Corse pour questionner un cousin de Xavière Tibéri, Antoine Casanova, un des électeurs pourtant inscrit au 65, rue à Paris. Domicilié à Saint-Florent, il n'était pas là pour répondre aux gendarmes qui le soupçonneraient de figurer frauduleusement sur les listes électorales parisiennes. La piste corse viserait aussi, selon le Parisien, deux personnes qui figuraient à la fois sur les registres bastiais et sur ceux de la capitale. Tout cela commence à faire beaucoup...

Philippe Séguin, qui s'efforce de prendre des distances avec Jean Tiberi sans cependant hypothéquer les possibilités d'un rapprochement, continue à réclamer la « refonte des listes » électorales dans la capitale. Signalant que le maire n'a toujours pas répondu à sa demande de rendez-vous, il affirme qu'il présentera une liste dans le 5e arrondissement et sort un nouveau lapin de son chapeau : qu'à partir de 2007, « on puisse élire le maire de Paris au suffrage universel direct », à l'instar de ce qui se pratique à New York, Londres ou Montréal. Si le député d'Epinal affiche son intention de rester bouche close sur le quinquennat, il entend se démener pour tenter de se dépêtrer des affaires toujours plus nombreuses qui collent à la peau de la droite dans la capitale.

L’Humanité du 8 juin 2000